Surtout, il est craintif et s'enfuit au moindre bruit anormal. Jusqu'à présent tous les ours que nous avons rencontrés (noirs, grizzlys ou kodiaks) se sont enfuis dès que l' on se mettait à crier ou à taper sur un objet métallique. Par contre, c'est un animal dangereux, et puissant ses attaques contre les hommes ne sont pas rares et souvent mortelles.
Avec mon kayak j'avance en direction du grizzly, pour le faire fuir. Je n'avais pas remarqué que Anne, Jean-Louis, Jean-Jacques et Frédéric étaient déjà entrain de se manifester en criant et en tapant sur un bidon en fer blanc. L'ours impassible continue à avancer. Je m'approche de la plage, toujours dans mon kayak, je crie, lui lance de l'eau avec la pagaie, tape sur le kayak avec la pagaie... Rien à faire il s'approche même de moi. En quelques coups de pagaie j' arrive au bivouac et je retrouve les autres. L'ours lui continue à avancer. Je me saisis de l'arme qui nous avait été confiée par Tom Pogson à Homer. 3 cartouches dans le magasin, 3 autres dans ma poche.
Tous ensemble nous faisons de grands gestes, du bruit, plein de bruit. L'ours s'assoit, hume l'air et continue sa marche lente dans notre direction. Celui la, n'a pas peur. Je connais le sénario, il va s'avancer comme ça doucement et faire les 20 derniers mètres en courant et ce sera l'attaque. Je tire la première cartouche au dessus de sa tête, du petit plomb pour l'effrayer. Rien n'y fait. Il s'assoit puis continue à avancer. La deuxième cartouche, à balle, le foudroie. Touché à la gorge il tombe.
L'ours est chez lui à Kodiak, comme dans toute l' Alaska, nous étions des intrus sur son territoire, et c'est sans fierté que j'ai passé la soirée ce jour là. Mais je pense avoir agi de manière responsable, sans peur ni panique, en ayant à l'esprit la protection des gens qui m'accompagnent. A chaque randonnée, ma mission est de ramener tout le monde à la maison.
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